Une figure de l’immunologie nous a quittés, Gérard Chaouat, disparu en pleine activité le 23 avril 2021.
Gérard, né en 1944 à Alger, se passionne pour l’immunologie durant ses études de médecine. Son DEA, dans l’U23 de l’INSERM (Guy André Voisin), l’oriente vers l’immunologie de la relation materno-fœtale. Plus tard, Président de la Société Internationale d’Immunologie de la Reproduction, on peut dire qu’il incarnait la convergence entre notre science et celle de la reproduction.
C’est une problématique qu’il poursuivra tout au long de sa carrière scientifique, initialement dans des modèles murins de gestation allogénique : présence d’anticorps allogéniques fixés sur le placenta (avec Guy André Voisin et James Howard), rôle du TGF-bêta 2 décidual dans les propriétés immunosuppressives du placenta (avec David Clark), démonstration de la théorie « immunotrophique » (avec Tom Wegmann). C’est l’occasion de caractériser les facteurs en cause, positifs pour les CSF, nocifs pour les NK, le TNF et l’IFN-g. Ces recherches le conduisent à étudier le rôle des cytokines à l’interface materno-fœtale.
Après un séjour au NIH au début des années 80 et une implantation dans l’U255 de l’INSERM (Hervé Fridman) sa volonté de contribuer à l’amélioration de la santé reproductive des femmes le conduit à s’associer à des équipes cliniques, d’abord à Baudeloque avec Claude Sureau (U262 de l’INSERM) puis à Antoine Béclère avec René Frydman, où il s’implante dans l’U131 de l’INSERM (Pierre Galanaud) puis dans l’U782 (Jean-Yves Picard).
Il est parmi les premiers à étudier les mécanismes de la transmission materno-fœtale du VIH, en collaboration avec Françoise Barré-Sinoussi. L’autre grande thématique qui sous-tend ses recherches est le rôle des acteurs de l’immunité dans les avortements précoces à répétition, dans les échecs d’implantation et dans la pré-éclampsie.
DR CNRS émérite dans l’U976 de l’INSERM (Armand Bensussan) Gérard poursuit son engagement en recherche, mais également en politique, notamment dans la lutte contre la Covid-19.
Recherche et politique, les deux engagements indissociables auxquels Gérard Chaouat s’est inlassablement consacré : politique de la recherche bien sûr (il signe en 2008 un éditorial sur le financement de la recherche pour Nature Medicine), mais aussi interventions ciblées (programmes ANRS dans des pays du Sud), et politique au sens plein du terme.
Militant pugnace, Gérard savait être collaboratif dans les échanges scientifiques, ouvert vis à vis des acteurs d’autres disciplines, diffuseur de connaissances pour les non spécialistes, bienveillant à l’égard des étudiants, amical et doté d’un solide sens de l’humour avec ses collègues.
Il laisse un grand vide et le souvenir d’une personnalité d’exception.
Pr. Pierre GALANAUD